les dynamiques du vieillissement
Quand le passé d’un pays façonne son avenir démographique, il redessine en profondeur le visage de ses territoires. En France, l’écho du baby-boom résonne encore aujourd’hui dans les pyramides des âges, et ce phénomène est particulièrement visible sur la façade atlantique. Le territoire ELLO, dont cinq des huit intercommunalités sont littorales, illustre ces transformations : vieillissement progressif, attractivité résidentielle des seniors, difficulté des jeunes actifs à accéder à un logement. Entre 2016 et 2022, 77 % de sa croissance démographique provient des personnes de 65 ans et plus. Mais derrière cette statistique se cache une mosaïque de réalités locales : communes littorales prisées par les retraités, espaces périurbains accueillant les familles, villes moyennes aux profils diversifiés. Cet article propose une anatomie précise de ces dynamiques de vieillissement, révèle les trajectoires contrastées des communes et explore l’avenir d’un territoire où, d’ici 2042, un habitant sur trois aura plus de 65 ans.
Quand le passé façonne le présent : anatomie démographique du vieillissement en France
De nombreux pays ont connu une hausse soudaine et importante des naissances au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Ce phénomène a touché les nations anglo-saxonnes (États-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande), la plupart des pays d’Europe occidentale – à l’exception notable de l’Europe du Sud – ainsi que plusieurs états d’Amérique latine.
En France, le baby-boom s’étend de 1946 à 1974, période durant laquelle on enregistre plus de 800 000 naissances annuelles. À la forte hausse de la fécondité d’après-guerre, succède un effet générationnel : quand la fécondité redescend progressivement, l’augmentation du nombre de femmes en âge de procréer – les filles des premières baby-boomeuses – prend le relais pour maintenir un niveau élevé de naissances.
Conséquence directe de ce phénomène, la société française subit aujourd’hui une transformation démographique majeure avec l’accélération du vieillissement de sa population. Ce bouleversement structurel résulte de deux facteurs principaux : l’entrée progressive dans le grand âge des cohortes du baby-boom et l’augmentation continue de l’espérance de vie.
ELLO : l’arrivée des seniors accélère un vieillissement aux multiples visages
La façade maritime, de la Bretagne au Pays basque, exerce depuis plusieurs décennies une attraction particulière sur les seniors français, au point de devenir l’une des principales destinations de migration résidentielle au moment de la retraite. Avec cinq intercommunalités littorales, le territoire ELLO est exposé à ce phénomène qui influence de façon conséquente les dynamiques démographiques locales.
Une croissance démographique portée par l’attractivité résidentielle
Le territoire ELLO affiche une dynamique démographique soutenue. Entre 2016 et 2022, sa population est passée de 455 000 à 483 500 habitants, soit une progression annuelle de 1,0 % dépassant largement la moyenne nationale (+0,3 % sur la même période).
Cette croissance repose entièrement sur l’attractivité du territoire : le solde migratoire contribue à hauteur de +1,2 % par an, compensant largement un solde naturel devenu négatif (−0,1 %). Le développement du territoire ne dépend donc pas aujourd’hui de sa dynamique naturelle mais de sa capacité à attirer de nouveaux résidents, dont beaucoup s’avèrent être des seniors. Ainsi, sur les 28 000 habitants supplémentaires entre 2016 et 2022, 77 % sont des seniors de 65 ans et plus.
[Cette proportion de 77 % correspond à l’évolution démographique nette et non aux caractéristiques des nouveaux arrivants. Elle résulte de plusieurs phénomènes combinés : le vieillissement naturel de la population résidente (passage des cohortes de moins de 65 ans vers les 65 ans et plus), un solde migratoire défavorable chez les jeunes actifs (plus de départs que d’arrivées), et l’installation de nouveaux retraités sur le territoire.]
Mais le phénomène est plus ancien encore. Si l’actualité nationale s’alarme du retournement démographique attendu en 2025 – année où le nombre de décès devrait dépasser celui des naissances pour la première fois depuis 1945 – le territoire ELLO a franchi ce cap dès 2015, soit dix ans plus tôt.
L’analyse de la mobilité résidentielle par tranche d’âge révèle des dynamiques contrastées. Les jeunes adultes présentent une forte mobilité, avec un solde migratoire nettement déficitaire chez les 15-19 ans. Ces départs massifs vers les pôles universitaires métropolitains ne sont que partiellement compensés par les arrivées liées aux quelques établissements d’enseignement supérieur présents sur le territoire, dont l’offre de formation reste limitée.
À l’inverse, le territoire enregistre un excédent migratoire significatif chez les 60-69 ans, avec un gain net de 1 500 personnes en 2022.
Ce phénomène d’attractivité pour les seniors s’inscrit dans la durée. Amorcé dans les années 1990, il produit un effet cumulatif qui creuse l’écart avec la moyenne nationale. Pour mesurer cette dynamique on observe la part des 65 ans et plus au sein de la population âgée d’au moins 25 ans (on neutralise ainsi les effets de structure liés à la présence ou non d’établissements d’enseignement supérieur). Cet indicateur révèle que dès 1990, le territoire ELLO présentait déjà une population plus âgée que la moyenne française. Plus significatif encore : cet écart ne cesse de se creuser. En 1990, la différence était de 1,8 point ; elle atteint aujourd’hui 4,9 points, témoignant d’une accélération du vieillissement relatif du territoire.
Cette trajectoire résulte de la superposition de deux dynamiques : l’arrivée continue de nouveaux retraités attirés par le cadre de vie littoral, et le vieillissement sur place des cohortes précédemment installées. Le territoire ELLO illustre ainsi le caractère auto-entretenu du vieillissement dans les zones d’attractivité résidentielle pour seniors.
Au-delà du littoral : une diversité de trajectoires de vieillissement
Si l’attractivité littorale pour les seniors constitue la forme la plus visible et médiatisée du vieillissement sur le territoire ELLO, elle ne concerne en réalité qu’un nombre limité de communes. Certes, ce phénomène s’étend progressivement aux communes rétro-littorales sous l’effet de la saturation immobilière, mais cette dynamique migratoire ne saurait résumer à elle seule les processus de vieillissement à l’œuvre sur le territoire.
La majorité des communes connaît en effet d’autres formes de vieillissement, moins spectaculaires mais tout aussi structurantes. Le vieillissement sur place des populations installées de longue date, notamment dans les couronnes périurbaines et les espaces ruraux, transforme progressivement la démographie locale. Les centres urbains suivent leurs propres trajectoires, entre maintien d’une certaine mixité générationnelle et concentration de personnes âgées isolées. Des communes rurales voient même émerger des dynamiques paradoxales, accueillant à la fois des seniors et de jeunes ménages en quête de foncier abordable.
L’analyse détaillée de ces différentes formes de vieillissement révèle une mosaïque territoriale bien plus complexe que ne le suggère l’image d’un littoral uniformément attractif pour les retraités.
Vers une typologie communale : cinq trajectoires démographiques distinctes
Cette typologie repose sur l’analyse de six variables clés, appliquées aux 1 401 communes de Loire-Atlantique, Vendée, Ille-et-Vilaine et Morbihan. Les indicateurs retenus permettent de saisir à la fois l’intensité actuelle du vieillissement et les dynamiques en cours, notamment l’attractivité résidentielle différenciée selon les tranches d’âge. Cette approche permet de dépasser les catégorisations binaires (littoral/rural, urbain/périurbain) pour révéler la complexité réelle des trajectoires démographiques à l’échelle communale.
[La construction des groupes suit une méthodologie statistique rigoureuse en trois étapes : une analyse en composantes principales pour identifier les dimensions structurantes du vieillissement, une classification ascendante hiérarchique pour déterminer les regroupements pertinents, puis une consolidation par l’algorithme des k-means pour optimiser l’homogénéité interne de chaque classe. L’objectif : obtenir des groupes de communes aux profils de vieillissement similaires, tout en maximisant les différences entre ces groupes.]
Classe A1 : Le littoral en voie de vieillissement avancé
Ces communes, très majoritairement littorales, présentent le profil type des territoires en phase mature d’attractivité pour les retraités. La part des seniors y dépasse déjà largement la moyenne nationale, résultat de plusieurs décennies d’installation privilégiée de retraités. Leur dynamique démographique, désormais modérée, masque une réalité préoccupante : si le flux de nouveaux arrivants se maintient, il se compose essentiellement de personnes âgées de 65 ans et plus. Les jeunes ménages et les familles, exclus par les prix immobiliers prohibitifs, ne compensent plus le vieillissement structurel. Ces territoires illustrent le stade ultime d’un vieillissement alimenté par les migrations résidentielles, où l’attractivité devient sélective par l’âge et le niveau de revenus.
Classe A2 : Le rétro-littoral en transition accélérée
Longtemps préservées de la pression littorale, ces communes, souvent situées en deuxième ou troisième ligne côtière, connaissent aujourd’hui une mutation rapide. Si la proportion de seniors y reste encore modérée, la dynamique de vieillissement s’accélère sous le double effet du vieillissement sur place des habitants historiques et de l’arrivée croissante de retraités repoussés du littoral par les prix. Cette attractivité émergente pour les seniors, qui cherchent un compromis entre proximité maritime et accessibilité financière, transforme progressivement ces territoires. Dans certaines communes, l’absence d’attractivité pour les jeunes actifs – faute d’emplois suffisants et/ou d’aménités urbaines – renforce cette spécialisation générationnelle naissante.
Classe B : Les territoires à faible dynamique démographique
Cette catégorie rassemble des communes aux profils contrastés partageant toutefois une dynamique démographique similaire : un vieillissement installé depuis plusieurs décennies, associé à une croissance démographique faible ou nulle. Elle réunit aussi bien des communes rurales éloignées des métropoles que des villes moyennes comme Saint-Nazaire ou La Roche-sur-Yon.
Les communes rurales de cette classe connaissent un vieillissement progressif lié aux parcours de vie : les jeunes partent pour leurs études ou leur premier emploi tandis que les générations plus âgées restent attachées à leur territoire. Les arrivées, bien que présentes, ne suffisent pas à compenser ces départs et le vieillissement naturel de la population.
Saint-Nazaire illustre une autre facette de cette dynamique. Ville portuaire et industrielle, elle voit de nombreux jeunes ménages s’installer dans les communes périphériques où l’accession à la propriété reste plus abordable. La ville maintient cependant son rôle de centralité pour les habitants plus âgés, qui privilégient la proximité des commerces, services et équipements de santé. Beaucoup sont d’anciens ouvriers et employés qui ont pu accéder à la propriété dans les années 1970-1990, quand les prix de l’immobilier nazairien restaient modérés. Par ailleurs, le parc locatif social important de la ville accueille une proportion croissante de personnes âgées, notamment d’anciens salariés aux revenus modestes qui y trouvent des logements adaptés et bien situés. La présence modeste bien qu’en progression d’établissements d’enseignement supérieur limite par ailleurs le renouvellement par les jeunes adultes.
Classe C1 : Le périurbain familial en expansion modérée
Ces communes périurbaines incarnent les espaces d’accueil privilégiés des familles avec enfants. Leur croissance démographique, bien que ralentie par rapport aux décennies précédentes, reste positive grâce à un solde migratoire favorable auprès des 30-45 ans. Les seniors y sont proportionnellement moins nombreux parmi les nouveaux arrivants, ces territoires n’offrant ni les aménités recherchées par les retraités ni la proximité des services de santé spécialisés. Le parc de logements, dominé par les pavillons récents avec jardin, répond aux besoins des familles mais anticipe mal le vieillissement futur de ces mêmes populations. Ces espaces connaissent ainsi un répit temporaire dans le processus de vieillissement, mais devront faire face dans 20 à 30 ans au vieillissement sur place de ces cohortes familiales.
Classe C2 : Les pôles urbains et périurbains dynamiques
Cette dernière catégorie regroupe les territoires les plus résilients face au vieillissement. Villes universitaires, technopoles, communes périurbaines bien connectées aux bassins d’emploi : ces espaces maintiennent une pyramide des âges équilibrée grâce à leur attractivité auprès des jeunes actifs et étudiants. La croissance démographique y est soutenue, portée à la fois par un solde naturel positif (présence de jeunes couples) et un solde migratoire favorable dans les tranches d’âge actives. Bien que parfois éloignées des centres urbains, certaines communes rurales s’avèrent désormais bien positionnées (proximité d’axes routiers, cadre de vie préservé, foncier accessible) parviennent également à retenir leurs jeunes et à en attirer de nouveaux, souvent des ménages modestes exclus des marchés immobiliers tendus. Ces territoires démontrent que le vieillissement dépend étroitement des dynamiques économiques et résidentielles locales.
Et demain, combien de personnes âgées ?
Entre 2012 et 2022, la population des seniors (65-74 ans) a augmenté de 57%, passant de 42 600 à 66 900 personnes. Durant les deux décennies suivantes, cette progression se poursuit mais à un rythme divisé par deux. À partir de 2040, cette tranche d’âge devrait se stabiliser autour de 75 000 individus.
Ce mouvement se reproduit les aînés (75 – 84 ans) qui connaissent une hausse notable depuis 2023 avec une atténuation attendue dès 2033. À moyen terme, leur effectif devrait se stabiliser autour de 70 000 contre 44 000 aujourd’hui, soit une progression de 60%.
L’évolution des doyens (85 ans et plus) présente une spécificité. Leur nombre devrait croître fortement à partir de 2032, mais cette catégorie ne présente pas d’inflexion marquée dix ans plus tard. Cette particularité s’explique par une tranche d’âge plus large et par l’allongement de l’espérance de vie. Cette population, la plus vulnérable et nécessitant des structures d’accompagnement, d’hébergement et de soins, devrait ainsi doubler d’ici 2046, soit en à peine 15 ans.
Cette augmentation du nombre de séniors en valeur absolue, appelée gérontocroissance, s’accompagne ici d’un vieillissement démographique. D’ici 2042, un tiers des habitants d’ELLO dépassera les 65 ans contre un quart aujourd’hui, et la part des plus âgés aura doublé à la même date.
Retrouvez les projections détaillées pour chaque intercommunalité :
Arc Sud Bretagne : et demain, combien de personnes âgées ?
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