Ambre VANDERSTRAETEN – Carnet en Brière
Basé sur mes impressions de l’estuaire et du Parc de Brière, j’en ai tiré des recherches plastiques et visuelles, que j’ai associées pour créer un carnet d’accumulation de matériaux glanés dans les rues nazairiennes, des motifs impactants se distinguent.
Carnet de Brière témoigne de la spécificité de cette étendue d’eau majeure aux portes de la ville telle une conclusion continentale où s’imbriquent les terres et les eaux. Les problématiques de la juxtaposition, voire de l’imbrication entre la ville et la nature portent des enjeux d’équilibres territoriaux régulièrement traités dans les études de l’agence, quelles que soient les échelles (villes et villages, estuaire, littoral, océan …). Cet entremêlement marqué par l’homme, lisible dans les paysages est relaté par Ambre en enrichissant le regard au-delà des représentations cartographiques académiques.
Collage composite
Angeliki KOTRETSOU-KALOMIRI – Look what your love has done to me
Il s’agit d’un travail qui interroge notre rapport au corps – notre territoire intime – et à l’amour. En passant par des matériaux tels que la cire et la feuille d’or, les formes que je propose touchent à la ruine et questionnent notre rapport à cette dernière.
La représentation du corps humain et de ses formes par des moulages relève-t-elle de la cartographie et du territoire ? C’est peut-être ce parallèle que propose Angeliki alors qu’à l’agence nous nous efforçons de rendre compte de la complexité d’un territoire qui ne se caractérise pas par ses reliefs. La cartographie à plat du territoire d’intervention de l’agence gomme souvent les microreliefs pourtant essentiels à sa compréhension. Oserons-nous plus de maquettes et de blocs diagrammes pour représenter l’espace en trois dimensions ?
Techniques mixtes (cire, tissu, platre et feuille d’or)
Diane HATE – Rails, algues et déchéance
Dans cette vidéo, je cherche à mettre en avant la gangrène de l’industrie et le spectre du temps. La nature persiste tandis que l’humain se meurt à son tour. Les moyens de locomotion évoquent une dimension psychopompe et créent une mythologie qui m’est propre, j’exprime alors symboliquement une plainte de ma condition physique. L’aspect concentré et claustrophobe du format crée, avec le cadrage, l’interprétation désirée des environnements capturés.
La vidéo proposée par Diane reprend à sa manière la question de la vulnérabilité du territoire exposé aux impacts de l’activité humaine. Le temps qui accélère les transitions, notamment climatiques, rend l’eau encore plus menaçante alors qu’elle est omniprésente sur ce territoire. La Brière est l’illustration de cette dynamique anxiogène. Ce témoignage du temps qui passe et des mouvements immuables de la nature interpelle la prise de conscience de l’homme et de la société face à cette vulnérabilité. L’art illustre ici la prospective territoriale.
Emma MORUZZI – Diptyque
Le bleu, une teinte qui s’insinue dans le regard comme une mélancolie discrète, une réflexion silencieuse sur l’immensité du monde. Fixer ce bleu, c’est plonger dans l’océan de nos pensées, naviguer entre les vagues de souvenirs et les courants de désirs. Sur la piste de course, la couleur bleue s’étire comme une métaphore de la fuite inexorable du temps, une invitation à courir vers l’inconnu, vers l’impossible. Les fils colorés, agités par le vent, semblent murmurer des secrets, des histoires oubliées dans le langage du mouvement. Et là, la lumière qui traverse la vitrine de l’épicerie éclaire chaque objet d’une douce clarté, révélant leur beauté cachée, leur histoire silencieuse. C’est un moment suspendu dans l’éternité, une parenthèse où les simples choses deviennent extraordinaires, où l’ordinaire se métamorphose en poésie.
Cette exploration sur le thème du temps qui passe est aussi un témoignage sonore sur l’évolution de Saint-Nazaire à travers les souvenirs et récits d’un commerçant emblématique de la ville (l’épicerie Harel – Saint-Naz’rire). Cette narration précieuse c’est le matériau idéal dont rêve l’urbaniste sociologue qui cherche à s’imprégner de son territoire d’intervention : les tranches de vie vécues ou héritées côtoient la grande Histoire de la ville et du territoire. Une cartographie sonore avec une incontestable valeur patrimoniale.
Jéhane BADAUD-ERHEL – Variations
Il s’agit ici d’expérimentations autour du cyanotype et de la photographie. Comment opère le lien entre l’objet et l’image? Comment révéler les qualités plastiques d’un objet ? Ces questionnements rythment le regard du spectateur. Le médium et le support s’entremêlent ici pour proposer d’autres interprétations de l’image. Les teintes de bleu varient, reproduisant plus ou moins fidèlement les images.
La libre interprétation est invitée sur ce dialogue entre la matière et l’image. La cartographie et le territoire seraient-ils indirectement évoqués ainsi que les champs de réflexion de l’urbaniste et du cartographe ?
Cyanotype sur pierre (à partir de négatifs couleurs imprimé sur papier transparent)
Jéhane BADAUD-ERHEL – Images de pensées
Quand la pensée est trop intense, on la traduit en image. Walter Benjamin initie le concept d’image de pensée au vingtième siècle. Entre l’œuvre d’art et le brouillon, ce concept propose de multiples propositions d’interprétations, de cheminements de la pensée. Comment cartographier la pensée ? Est-il possible de la comprendre ? Cette carte d’image de pensées regroupe de multiples recherches autour de cette notion. En plus de ces recherches, on peut retrouver des propositions d’interprétation plus plastiques et sensibles de ces idées. Le papier est cousu de manière aléatoire, traduisant l’ébullition de la pensée, de lien entre les idées.
L’assemblage proposé rappelle que le produit fini (une carte par exemple) est le fruit d’un processus de construction entre de multiples éléments : des données variées et protéiformes, des illustrations, des formats, des couleurs… les « minutes cartographiques » ressemblent alors à un chaos à passer au crible du classement, de l’interprétation, de la hiérarchisation et de l’assemblage. C’est un travail préalable souvent invisibilisé, mais néanmoins indissociable du processus. Beaucoup de nos carnets de travail ou supports d’ateliers (post-it, gommettes, schémas) ressemblent à ces « images de pensées » qui ont un air de famille avec les cartes mentales.
Textes et dessins imprimés sur papier cousu à la main.
Loïc HOWARD – Cosmogonie
En superposant les lignes de la carte du monde aux contours de l’anatomie humaine, je brouille les limites entre l’individu et la Terre. Considérer notre corps comme un reflet de l’univers qui nous entoure. Le fil conducteur de l’existence, le fil, élément central de cette œuvre, symbolise le lien indissociable qui unit l’humain à son environnement. Comme un fil d’Ariane, guidant le spectateur à travers ce labyrinthe anatomique, aidant à tisser des connexions. En manipulant ces tableaux, le public devient acteur de cette réflexion, participant à la création d’un nouveau dialogue qui remet en question la distinction entre l’individu et la Terre.
Le vocabulaire de la ville emprunte souvent à l’anatomie pour évoquer son organisation et son fonctionnement : le centre-ville est un cœur ; les parcs, des poumons verts ; les voiries, des artères… Au même titre que la cosmogonie explique la formation de l’univers, l’anatomie contribuerait-elle à commenter la ville ? Loïc nous proposerait-il ce parallèle par un dialogue entre la représentation de l’homme et la cartographie ? C’est aussi une façon d’interroger une cartographie multidimensionnelle dont les représentations classiques sont souvent limitées par les formats de restitution papier ou numérique.
Peinture et technique mixte.
Phoebe HEATHCOTE – Architecture’s
J’ai étudié 60 bâtiments résidentiels construits dans différentes régions de France après la Seconde Guerre mondiale. Je me suis concentré sur les différentes architectures de chaque bâtiment. J’ai choisi des villes où se trouvaient des tours ou des lotissements bien connus de cette décennie. J’ai essayé de recréer des modèles miniatures de ces bâtiments en utilisant principalement le plâtre, mais j’ai également créé ma propre version de la façade des bâtiments sur du plexiglas, en utilisant des couleurs brillantes pour reproduire les affiches de propagande colorées des années 60 qui faisaient la publicité de ces bâtiments.
Cette réflexion sur l’architecture de la Reconstruction est forcément évocatrice pour les professionnels de l’agence d’urbanisme de la région de Saint-Nazaire. Les façades tramées, les volumes, les matériaux, les couleurs sont autant de références à un paysage urbain familier qui interroge aussi les choix architecturaux de la Reconstruction.
Le fruit de cette réflexion qui s’est intéressé à 60 bâtiments dans plusieurs villes reconstruites n’interpelle-t-il pas une certaine standardisation ? Une œuvre stimulatrice de débats.
Moulage en plâtre, plexiglas, pierre, récupération et photographie argentique.
Romane OUDART – Notre lit
Cette édition reflète mon intérêt profond pour le lit en tant qu’espace hétérotopique chargé de symbolique et d’imaginaire. C’est un lieu onirique, une utopie hors du temps. Mon travail se compose de calligrammes suivant le dessin des plis des draps et d’une série de photographies argentiques. Pour réaliser ces images, j’ai suivi un protocole particulier, les étudiants m’ont confié les clefs de leur appartement pour que je puisse photographier leur lit en leur absence. Cette approche m’a permis de découvrir ces lieux intimes d’une manière unique. Je vous invite ainsi à me suivre dans l’exploration de cet espace intermédiaire, lieu d’un passage entre l’empirique et le chimérique.
Cette exploration au cœur du logement étudiant à Saint-Nazaire s’inscrit particulièrement dans l’actualité de la ville et de l’agence d’urbanisme. L’addrn se mobilise régulièrement pour mettre à jour les enquêtes sur la vie étudiante en éclairant plus particulièrement la difficulté de l’accès au logement locatif dans un parc immobilier tendu. Romane propose une illustration immersive et très humanisée de cette problématique en dépassant la froideur des chiffres et des enquêtes.
édition 31 pages, 14x19cm, accompagnée de 12 photographies argentiques glissées entre les pages, tirages 6x6cm
Seungmin BAEK – Être chez soi
La vidéo produite s’intitule « Être chez soi » et traite de la diversité du soi qui apparaît à travers la vie dans deux villes différentes, de la confusion qui en résulte et du processus pour la surmonter. La vidéo reflète mon processus de croissance intérieure, reflétant les différentes atmosphères et environnements des deux villes où je vis (Saint-Nazaire et Jeju en Corée du Sud). De plus, un petit livre a été créé pour contenir les scènes et les dialogues de la vidéo.
Le témoignage est représentatif d’une réalité que connaissent de nombreux habitants et habitantes de passage à Saint-Nazaire à l’occasion d’études, de missions professionnelles ou d’escales… L’agence a eu l’occasion d’enquêter au plus près des travailleurs en situation de détachement et la vidéo de Seungmin raisonne de ces récits collectés sur l’expatriation, l’éloignement et les proches qui manquent au quotidien. Saint-Nazaire a cette particularité de recevoir ces populations en transit, ce qui interroge sur les dispositifs de leur prise en compte.
Seungmin BAEK – Construire
Je pensais avoir une personnalité différente dans chacune des deux villes (Saint-Nazaire et Jeju en Corée du Sud). J’ai créé de petites sculptures basées sur ces expériences personnelles et créé ma propre nouvelle ville combinant les deux villes. Nous voulions créer un nouveau paysage culturel en combinant les différentes cultures et identités influencées par chaque ville.
La fusion de deux visions territoriales éloignées de plusieurs milliers de kilomètres et modelées dans une cartographie en relief propose un résultat singulier. La représentation cartographique choisie détonne avec toutes les références professionnelles académiques. Le support, les couleurs, les reliefs secouent les vocabulaires cartographiques pour stimuler les imaginaires : rizières nazairiennes ? marais salants coréens ? parcellaires d’ici et d’ailleurs ?
Moulage, plâtre et peinture