Ambre VANDERSTRAETEN – Cartographie de Saint-Nazaire

À l’aide d’une machine à coudre je suis intervenue par-dessus la carte de Saint-Nazaire, pour en redessiner les rues, les fils s’entremêlent au gré des croisements et s’étendent au-delà de la carte, de ces fils parcourant les rues j’en ai tiré un motif unique.

L’expression « couture urbaine », souvent employée par les urbanistes pour évoquer l’imbrication des nouveaux projets dans la ville existante prend ici tout son sens, notamment sur les secteurs du centre-ville et du Petit Maroc particulièrement concernés par des opérations d’urbanisme. De plus, le dessous de la trame urbaine représentée par Ambre renvoie aussi à la ville invisible avec ses multiples réseaux souterrains (les fils) essentiels au fonctionnement de la ville.

Techniques mixtes sur papier et plastique

Ambre VANDERSTRAETEN – Itinéraire d’enfance

Transposé dans la ville de Saint-Nazaire et inspiré des souvenirs du trajet d’enfance de Noémie dans Nantes, ce jeu est basé sur le principe du puzzle où les cartes se déplacent et se replacent au gré des souvenirs qui partent et qui reviennent.

La perception de la ville est très personnelle. Elle varie selon les pratiques de chacun et les usages qui motivent des déplacements et des parcours. L’association de la carte et de la boîte à secrets relate un rapport intime à la ville que l’urbaniste sociologue cherche souvent à révéler. Il s’agit pour le professionnel de guider l’action publique et la transformation d’un quartier qui touche à l’intimité des habitants. Des dimensions sensibles qui témoignent d’un attachement à un territoire qui peut évoluer, mais avec précaution.

Collage composite

Haoxi LAI et Jie HU – MnemoSys Corporation

Le jeu se déroule dans une entreprise qui gère des souvenirs du futur. À travers ce jeu, nous espérons inviter les visiteurs et les membres de la communauté à utiliser le jeu de plateau comme un moyen d’expérimenter les rencontres de différents individus dans des scénarios de travail, et en même temps de partager les expériences qu’ils ont vécues en tant qu’individus au travail et de repenser notre relation dans ce cadre.

Appréhender les enjeux de la ville et de son évolution par le jeu est une technique participative de plus en plus utilisée par les urbanistes pour travailler avec les habitants et les acteurs du territoire. Il s’agit de mettre en perspective les enjeux en jaugeant les équilibres entre aménagements nécessaires et préservation de l’environnement et du cadre de vie. La mise en œuvre de l’ambition Zéro Artificialisation Nette (des sols) pour une meilleure sobriété foncière est parfois le support de jeux participatifs à l’occasion d’ateliers de travail.

Jeu de plateau – dessins et techniques mixtes

Kaï OPER-GRANDRIEUX – Itinéraire en boucle, 2024

Inspiré de Fernand Deligny et ses « Cartes et lignes d’erre: traces du réseau » où il esquissait les chemins et les changements des trajets d’enfants autistes, j’ai souhaité faire le mien. Fernand Deligny était éducateur et en suivant son idée, je suis devenu superviseur mais aussi sujet. Étant aussi autiste, avec une difficulté à changer de chemin, j’ai voulu cartographier mon trajet et ces petits changements qui me semblaient grands. Et suivant ce que ces changements signifiaient j’ai choisi des couleurs précisant l’émotion que je ressentais. Le résultat est une analyse mais aussi conclusion sur les hauts et les bas d’un trajet qui ne semblait jamais changer.

Parcourir la ville à pied au quotidien c’est parfois se confronter à un environnement anxiogène, notamment pour des populations plus fragiles. L’itinéraire du quotidien, ponctué d’habitudes et de repères est alors plus rassurant (ou pas …). Les changements et les inconforts ponctuels ou récurrents ajoutent de la difficulté dans les pratiques de la ville. L’urbaniste est ici interrogé sur les espaces publics, les conforts des déplacements, la place des publics fragiles dans un environnement sans cesse en mouvement et potentiellement source d’inconforts et d’exclusions.

1,43 m sur 84 cm, Posca sur papier

Loïc HOWARD – “Snapshot”

Lorsque vous gravez et dessinez un espace, vous vous réappropriez ce territoire de manière symbolique. Cet acte créatif vous permet de réinterpréter votre environnement, de le façonner selon votre propre vision et de vous y inscrire en tant qu’individu. De jour comme de nuit, capter les différentes ambiances. Photographier, graver, dessiner ces rues, ces cartes sur le papier, c’est se réapproprier l’espace, le façonner à sa guise. Tracer ces lignes, ces formes, c’est se réinventer, inscrire son empreinte dans ce monde à déchiffrer.

C’est vrai Loïc, l’acte de cartographier un espace n’est pas anodin, et à l’agence d’urbanisme nous mesurons l’importance de la représentation spatiale et des messages qui y sont associés. On touche ici les valeurs politiques et stratégiques qui jalonnent l’histoire de la cartographie dont la maîtrise accompagne les fondements d’une appropriation territoriale qui fait nation et société. La puissance de la carte illustre le discours auquel elle est associée. En cela, elle est à la fois un média et un acte engageant.

Techniques mixtes – tirages photos argentique – gravure sur rhénalon et zinc – dessins

Lou GRAFF-SEVESTRE – Cartographie et récit d’un marché

Au lever du jour, les lumières blafardes des halles contredisent les yeux gonflés d’un réveil prématuré. Les marchands s’activent autour des étalages et servent leurs premiers clients. Les fourmis marchent à grand pas prêtes à sauter sur les premières récoltes. Telles des cigales, nous observons la fourmilière des Halles, décochant un premier pas hésitant vers les torpeurs du marché. La récolte fût bonne, des dizaines de prénoms référencés dans un carnet qui a pour intention de rendre visible les anonymes. Munis-toi de ce sac, retourne sur nos pas et pars rendre visible aux anonymes, tisse des liens avec ces êtres humains.

Les halles sont emblématiques et essentielles dans l’animation du centre-ville de Saint-Nazaire. L’effervescence qui y est associée ponctue le rythme de la ville et génère des rituels immuables dans les interactions entre les commerçants et les clients. C’est une ruche qui s’anime, selon une géographie bien orchestrée avec une somme d’individualités connues ou anonymes. L’offre et la demande se rencontrent, partagent les espaces, génèrent des tensions, des complicités, des conflits d’usages… Relater cette complexité sensible, c’est mesurer l’importance de ce lieu tout en appréhendant la difficulté à le faire évoluer.

Broderie sur calque et tissu

Projet réalisé en collaboration avec Emma Moruzzi.

Romane OUDART – Protocole d’étude d’un micro-territoire

Ce projet témoigne de ma volonté de comprendre notre perception des micro-territoires. J’ai ainsi entrepris une étude explorant les spatialités du quotidien. Pour cela, j’ai établi un protocole consistant à interroger des passants et leur demander de décrire une image du lieu où nous nous trouvons.
Mes objectifs principaux étaient de recueillir des données sur la perception des espaces et d’élaborer une cartographie alternative, reflétant des perspectives subjectives et des interprétations individuelles de la réalité. J’ai finalement créé une édition suite à la mise en œuvre du protocole au Parc paysager de Saint-Nazaire, ce qui m’a permis de collecter des témoignages et de questionner la manière dont nous appréhendons l’espace à travers notre langage.

La technique d’exploration d’un espace, en l’occurrence le Parc paysager de Saint-Nazaire, proposée par Romane fait écho à plusieurs méthodologies d’élaboration de diagnostics que nous déployons à l’agence d’urbanisme. Le diagnostic en marchant, l’interrogation in situ des usagers, l’analyse des photos aériennes, etc. comptent parmi le panel des dispositifs utilisés par l’équipe. Ici, le protocole d’analyse pourrait très bien enrichir une étude professionnelle sur les thèmes de l’usage des espaces publics et de la perception de la nature en ville, autant de sujets particulièrement d’actualité dans les travaux de l’addrn.

édition 64 pages, 19x16x4 cm

Seungmin BAEK – “La cartographie”

Une carte des régions de Corée a été dessinée sur du tissu et transformée en drapeau. Ces drapeaux ont été installés à Saint-Nazaire. Le fait d’installer un drapeau comme celui-ci symbolise une partie de ma vie et représente en même temps mon identité et mon sentiment d’appartenance. Aussi, à travers cela, je voulais montrer que je trouve l’harmonie et que je m’adapte aux deux régions, Saint-Nazaire et Jeju (Corée du Sud).

Saint-Nazaire, ville portuaire, ville d’escale est le territoire de multiples rencontres et de brassages culturels. Cette diversité a été relatée à plusieurs reprises dans les travaux de l’agence d’urbanisme, notamment pour accompagner le programme « Action Cœur de Ville » ou bien lors de l’étude sur les travailleurs en situation de détachement. Planter un drapeau qui flotte au vent sur la plage de Saint-Nazaire comme marqueur d’une culture lointaine, c’est témoigner de ce passage, ou d’un ancrage, dans cette ville où la diversité culturelle est omniprésente à qui sait la voir.

Peinture sur tissu – dessin – collage – pierre